Accueil → Textes multilingues → La Maison Usher

La chute de la Maison Usher (Partie 1)
La falo de la Uŝero-Domo (Parto 1)

Autres parties : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9

"Son cœur est un luth suspendu;
Sitôt qu'on le touche, il résonne."

De Béranger

Pendant toute une journée d'automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourds et bas dans le ciel, j'avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre, et enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, - mais, au premier coup d'œil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d'insupportable tristesse pénétra mon âme. Je dis insupportable, car cette tristesse n'était nullement tempérée par une parcelle de ce sentiment dont l'essence poétique fait presque une volupté, et dont l'âme est généralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la désolation et de la terreur. Je regardais le tableau placé devant moi, et, rien qu'à voir la maison et la perspective caractéristique de ce domaine, - les murs qui avaient froid, - les fenêtres semblables à des yeux distraits, - quelques bouquets de joncs vigoureux, - quelques troncs d'arbres blancs et dépéris, - j'éprouvais cet entier affaissement d'âme qui, parmi les sensations terrestres, ne peut se mieux comparer qu'à l'arrière-rêverie du mangeur d'opium, - à son navrant retour à la vie journalière, - à l'horrible et lente retraite du voile. C'était une glace au cœur, un abattement, un malaise, - une irrémédiable tristesse de pensée qu'aucun aiguillon de l'imagination ne pouvait raviver ni pousser au grand. Qu'était donc, - je m'arrêtai pour y penser, - qu'était donc ce je ne sais quoi qui m'énervait ainsi en contemplant la Maison Usher ? C'était un mystère tout à fait insoluble, et je ne pouvais pas lutter contre les pensées ténébreuses qui s'amoncelaient sur moi pendant que j'y réfléchissais. Je fus forcé de me rejeter dans cette conclusion peu satisfaisante, qu'il existe des combinaisons d'objets naturels très-simples qui ont la puissance de nous affecter de cette sorte, et que l'analyse de cette puissance gît dans des considérations où nous perdrions pied. Il était possible, pensais-je, qu'une simple différence dans l'arrangement des matériaux de la décoration, des détails du tableau, suffît pour modifier, pour annihiler peut-être cette puissance d'impression douloureuse; et, agissant d'après cette idée, je conduisis mon cheval vers le bord escarpé d'un noir et lugubre étang, qui, miroir immobile, s'étalait devant le bâtiment; et je regardai - mais avec un frisson plus pénétrant encore que la première fois - les images répercutées et renversées des joncs grisâtres, des troncs d'arbres sinistres, et des fenêtres semblables à des yeux sans pensée.

Dum la tuta daŭro de teda, malhela, sensona tago en la aŭtuno de la jaro, kiam la nuboj pendis preme kaj malalte en la ĉielo, mi pasis sola, sur ĉevalo, tra malkutime morna kamparregiono; kaj finfine min trovis, dum estiĝis la vesperaj ombroj, ĉe vidpunkto pri la melankolia Uŝero-Domo. Mi malscias la kialon de tio - sed je la unua ekvido pri la konstruaĵo, sento de netolerebla malfeliĉo invadis mian spiriton. Mi diras "netolerebla" ĉar trankviligis tiun senton nenia duonplezuriga (ĉar poezia) sensaco kiun kutime registras la menso alfronte al la plej severaj naturaj bildoj pri sovaĝeco aŭ teruro. Mi rigardis la scenon antaŭ mi - la nuran domon kaj la simplajn pejzaĝtrajtojn de la bieno - la mornajn murojn - la malplenajn okulaspektajn fenestrojn - kelkajn fetorajn kareksojn - kaj kelkajn blankajn trunkojn de putrintaj arboj - kun nepra depremo de animo kiun mi scipovas kompari kun nenia surtera sensaco pli taŭge ol kun la postrevo de opiofestinto - la amara replonĝo en ĉiutagan vivadon - la malbelega forfalo de la vualo. Ekestis glaciiĝo, sinkado, malsaniĝo de la koro - senkompensa morneco de pensado kiun sukcesis survojigi ĝis sublimeco nenia premego de la imagpovo. Kio - mi paŭzis por primediti la temon - kio min tiom maltrankviligis dum mi rigardis Uŝero-Domon? Estis mistero nepre nesolvebla; cetere mi malsukcesis barakti kun la ombraj fantazioj kiuj min kunpremis dum mi meditadis. Mi devis min turni al la maltaŭga konkludo ke, dum sendube ja ekzistas kombinoj de tre simplaj naturaj objektoj havantaj la povon nin tiel afekcii, tamen la analizo de tiu povo nombriĝas inter konsideradoj preterpasantaj nian komprenon. Eblas, mi pensis, ke simpla malsama aranĝo de la trajtoj de la sceno, de la detaloj de la bildo, sufiĉos por aliigi aŭ eĉ entute nuligi ties kapablon fari malfeliĉan efekton; kaj, responde al tiu hipotezo, mi bridrimenis mian ĉevalon ĉe la kruta bordo de nigra kaj nebularda lageto kuŝanta en senbrua heleco apud la loĝejo kaj subenrigardis - sed kun tremego eĉ pli ekscitanta ol antaŭe - la rearanĝitajn kaj inversigitajn bildojn pri la griza karekso kaj la makabraj arbotrunkoj kaj la okulsimilaj fenestroj.

C'était néanmoins dans cet habitacle de mélancolie que je me proposais de séjourner pendant quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l'un de mes bons camarades d'enfance; mais plusieurs années s'étaient écoulées depuis notre dernière entrevue. Une lettre cependant m'était parvenue récemment dans une partie lointaine du pays, - une lettre de lui, - dont la tournure follement pressante n'admettait pas d'autre réponse que ma présence même. L'écriture portait la trace d'une agitation nerveuse. L'auteur de cette lettre me parlait d'une maladie physique aiguë, - d'une affection mentale qui l'oppressait, - et d'un ardent désir de me voir, comme étant son meilleur et véritablement son seul ami, - espérant trouver dans la joie de ma société quelque soulagement à son mal. C'était le ton dans lequel toutes ces choses et bien d'autres encore étaient dites, - c'était cette ouverture d'un cœur suppliant, qui ne me permettaient pas l'hésitation; en conséquence, j'obéis immédiatement à ce que je considérais toutefois comme une invitation des plus singulières.

Tamen en ĉi tiu domego de morneco mi nun celis gastadi dum kelkaj semajnoj. Ĝia proprietanto, Roderiko Uŝero, estis unu el miaj plej intimaj amikoj dum nia knabeco; tamen multaj jaroj forpasis ekde nia lasta renkontiĝo. Letero, tamen, atingintis min en fora regiono de la lando - letero de li - kiu, pro sia senbride petema karaktero, invitis nur vivpersonan respondon. La manuskripto vidigis indicojn pri nervoza maltrankvilo. La leterinto priparolis seriozegan korpan malsanon - mensan malsanon kiu lin premas - kaj pri sincera deziro vidi min, kiel lian plej bonan, kaj efektive solan amikon, kun la celo, pere de la plezuro de mia kompanio, iom malpligrandigi lian malsanon. Estis la maniero en kiu diritis ĉio tio, kaj multe pli - estis la ŝajna koreco kiu akompanis la peton - kiu malpermesis min heziti; rezulte mi obeis tujege kion mi daŭre konsideris ege malkutima alvoko.

Je regardais le tableau placé devant moi, et, rien qu'à voir la maison et la perspective caractéristique de ce domaine, - les murs qui avaient froid...

Quoique dans notre enfance nous eussions été camarades intimes, en réalité, je ne savais pourtant que fort peu de chose de mon ami. Une réserve excessive avait toujours été dans ses habitudes. Je savais toutefois qu'il appartenait à une famille très-ancienne qui s'était distinguée depuis un temps immémorial par une sensibilité particulière de tempérament. Cette sensibilité s'était déployée, à travers les âges, dans de nombreux ouvrages d'un art supérieur et s'était manifestée, de vieille date, par les actes répétés d'une charité aussi large que discrète, ainsi que par un amour passionné pour les difficultés plutôt peut-être que pour les beautés orthodoxes, toujours si facilement reconnaissables, de la science musicale. J'avais appris aussi ce fait très-remarquable que la souche de la race d'Usher, si glorieusement ancienne qu'elle fût, n'avait jamais, à aucune époque, poussé de branche durable; en d'autres termes, que la famille entière ne s'était perpétuée qu'en ligne directe, à quelques exceptions près, très-insignifiantes et très-passagères. C'était cette absence, - pensai-je, tout en rêvant au parfait accord entre le caractère des lieux et le caractère proverbial de la race, et en réfléchissant à l'influence que dans une longue suite de siècles l'un pouvait avoir exercée sur l'autre, - c'était peut-être cette absence de branche collatérale et de transmission constante de père en fils du patrimoine et du nom qui avaient à la longue si bien identifié les deux, que le nom primitif du domaine s'était fondu dans la bizarre et équivoque appellation de Maison Usher, - appellation usitée parmi les paysans, et qui semblait, dans leur esprit, enfermer la famille et l'habitation de famille.

Kvankam, kiel knaboj, ni estis eĉ intimaj kunirantoj, mi malmulte sciis tamen pri mia amiko. Lia distancemo estis ĉiam ekscesa kaj konstanta. Mi konsciis tamen ke lia ege antikva familio estis fama, jam en forpasintaj epokoj, por aparta sensivo de temperamento sin montranta, dum longaj periodoj, en multaj verkoj de laŭdeginda arto kaj, pli lastatempe, en ripetitaj faroj de malavarega sed senfanfarona almozo, kaj cetere en pasia sindediĉo al la komplikaĵoj, eble eĉ pli ol al la tradiciaj kaj facile rekoneblaj belecoj, de la muzikaj sciencoj. Mi eksciis ankaŭ la ege rimarkindan fakton ke la tigo de la Uŝera gento, kvankam ĝuante longtempajn honorojn, neniam fondis daŭran branĉon; alivorte, ke la tuta familio sin limigis al rekta devenlinio kaj ĉiam, krom ege malgravaj kaj ege provizoraj varioj, ade sin limigas tiel. Estis tiu manko, mi konsideris, primeditante la perfektan mantenadon de la lokalo kaj la agnoskatan karakteron de la gento, kaj spekulativante pri la ebla influo kiun la unua, dum la longa preterpaso de jarcentoj, povintus trudi al la alia - estis tiu manko, eble, de akcesora idaro, kaj la rezultinta sendevia transdono, de patro al filo, de la hereda posedaĵo kun la nomo, kiu, finfine, tiomagrade kunidentigis la du ke la origina nomo de la bieno aliiĝis en la kuriozan kaj dubasencan nomon "Uŝero-Domo" - nomon ŝajnantan ampleksi en la mensoj de la kamparanaro ĝin uzanta, kaj la familion kaj la familian domon.

J'ai dit que le seul effet de mon expérience quelque peu puérile, - c'est-à-dire d'avoir regardé dans l'étang, - avait été de rendre plus profonde ma première et si singulière impression. Je ne dois pas douter que la conscience de ma superstition croissante - pourquoi ne la définirais-je pas ainsi? - n'ait principalement contribué à accélérer cet accroissement. Telle est, je le savais de vieille date, la loi paradoxale de tous les sentiments qui ont la terreur pour base. Et ce fut peut-être l'unique raison qui fit que, quand mes yeux, laissant l'image dans l'étang, se relevèrent vers la maison elle-même, une étrange idée me poussa dans l'esprit, - une idée si ridicule, en vérité, que, si j'en fais mention, c'est seulement pour montrer la force vive des sensations qui m'oppressaient. Mon imagination avait si bien travaillé, que je croyais réellement qu'autour de l'habitation et du domaine planait une atmosphère qui lui était particulière, ainsi qu'aux environs les plus proches, - une atmosphère qui n'avait pas d'affinité avec l'air du ciel, mais qui s'exhalait des arbres dépéris, des murailles grisâtres et de l'étang silencieux, - une vapeur mystérieuse et pestilentielle, à peine visible, lourde, paresseuse et d'une couleur plombée.

Mi diris ke la sola rezulto de mia iom knabeca eksperimento - mia subenrigardado en la lageton - estis pliprofundigo de la unua malkutima efekto. Estas sendube ke la konscio pri la rapida pligrandigo de mia superstiĉo - ĉar kial mi hezitu ĝin nomi tia? - utilis ĉefe por plirapidigi tiun pligrandigon mem. Jam de longa tempo mi konscias ke tia estas la paradoksa leĝo pri ĉiuj sentoj bazitaj sur la teruro. Kaj eble pro tiu sola kialo okazis ke, kiam denove mi levis la rigardon ĝis la domo mem, for de ties bildo en la lageto, ekkreskis en mia menso stranga fantazio - fantazio tiel ridinda ke mi konsentas ĝin mencii nur por elmontri la viglan forton de la sensacoj kiuj min premis. Mi tiel aktivigintis mian imagpovon ke mi komencis pensi efektive ke super la tutaj domego kaj bieno pendas etoso propra nur al ili kaj al ilia ĉirkaŭejo - etoso havanta nenian rilaton kun la aero de la ĉielo, sed leviĝinta el la putrintaj arboj kaj la griza muro kaj la silenta lageto - pesta kaj mistika vaporo, malhela, malenergia, apenaŭ videbla, plumba.

Je secouai de mon esprit ce qui ne pouvait être qu'un rêve, et j'examinai avec plus d'attention l'aspect réel du bâtiment. Son caractère dominant semblait être celui d'une excessive antiquité. La décoloration produite par les siècles était grande. De menues fongosités recouvraient toute la face extérieure et la tapissaient, à partir du toit, comme une fine étoffe curieusement brodée. Mais tout cela n'impliquait aucune détérioration extraordinaire. Aucune partie de la maçonnerie n'était tombée, et il semblait qu'il y eût une contradiction étrange entre la consistance générale intacte de toutes ses parties et l'état particulier des pierres émiettées, qui me rappelaient complètement la spécieuse intégrité de ces vieilles boiseries qu'on a laissées longtemps pourrir dans quelque cave oubliée, loin du souffle de l'air extérieur. À part cet indice d'un vaste délabrement, l'édifice ne donnait aucun symptôme de fragilité. Peut-être l'œil d'un observateur minutieux aurait-il découvert une fissure à peine visible, qui, partant du toit de la façade, se frayait une route en zigzag à travers le mur et allait se perdre dans les eaux funestes de l'étang.

Forskuinte de sur mia spirito tion kio povintus esti nur sonĝo, mi rigardis pli proksimdetale la veran aspekton de la konstruaĵo. Ĝia ĉefa trajto ŝajnis esti tiu de ekscesa antikveco. La miskoloriĝo kaŭzita de la forpasintaj epokoj estis granda. Etaj fungoj sin sternintis sur la tutan eksteraĵon kaj pendis el la aleroj en subtila, implikita retaĵo. Malgraŭ tio videblis tamen nenia eksterordinara kadukeco. Forfalintis nenia parto de la masonaĵo; kaj ŝajnis esti sovaĝa malkonformeco inter ties daŭre perfekta kunligo de eroj kaj la dispeciĝanta stato de la unuopaj ŝtonoj. Tiurilate la situacio multe memorigis al mi la ŝajnigan tutecon de malnova lignaĵo putrinta dum longaj jaroj en iu forgesita kelo sen difektiĝi pro la interrompa spirado de la ekstera aero. Krom tiu indikaĵo pri vastskala putreco, tamen, la konstruaĵo elmontris malmultajn signojn pri malstabileco. Eble la rigardo de kontrolanta observanto konstatintus apenaŭ percepteblan fendeton, kiu, etendiĝante ekde la tegmento de la domo sur la fasado, estigis vojon suben laŭ la muro en zigzaga direkto, ĝis sin perdigi en la morozajn akvojn de la lageto.

Tout en remarquant ces détails, je suivis à cheval une courte chaussée qui me menait à la maison. Un valet de chambre prit mon cheval, et j'entrai sous la voûte gothique du vestibule. Un domestique, au pas furtif, me conduisit en silence à travers maint passage obscur et compliqué vers le cabinet de son maître. Bien des choses que je rencontrai dans cette promenade contribuèrent, je ne sais comment, à renforcer les sensations vagues dont j'ai déjà parlé. Les objets qui m'entouraient - les sculptures des plafonds, les sombres tapisseries des murs, la noirceur d'ébène des parquets et les fantasmagoriques trophées armoriaux qui bruissaient, ébranlés par ma marche précipitée, étaient choses bien connues de moi. Mon enfance avait été accoutumée à des spectacles analogues, - et, quoique je les reconnusse sans hésitation pour des choses qui m'étaient familières, j'admirais quelles pensées insolites ces images ordinaires évoquaient en moi. Sur l'un des escaliers, je rencontrai le médecin de la famille. Sa physionomie, à ce qu'il me sembla, portait une expression mêlée de malignité basse et de perplexité. Il me croisa précipitamment et passa. Le domestique ouvrit alors une porte et m'introduisit en présence de son maître.

Rimarkinte tiujn aspektaĵojn, mi rajdis trans mallongan digvojon ĝis la domo. Atendanta servanto ricevis mian ĉevalon kaj mi eniris la gotikan arkopasejon de la halo. Ŝtelpaŝa valeto kondukis min de tie, en silento, tra multaj malhelaj kaj kompleksaj koridoroj ĝis la laborejo de sia mastro. Multe da tio kion mi renkontis survoje helpis, mi malscias kiel, pligrandigi la malklarajn sentojn pri kiuj mi jam parolis. Dum la objektoj min ĉirkaŭantaj - dum la ĉizaĵoj de la plafonoj, la sombraj tapiserioj sur la muroj, la ebona nigreco de la plankoj, kaj la fantasmagoriaj armoriaj trofeoj kiuj klakadis dum mi preterpasis, estis nur aferoj al kiuj, aŭ similaj al tiuj al kiuj mi jam alkutimiĝis ekde mia infaneco - dum mi malkuraĝis malagnoski kiom konata estas ĉio tio - tamen mi miris ekkonsciante kiom malkonataj estas la fantazioj kiujn estigis tiuj kutimaj bildoj. Sur unu el la ŝtuparoj mi renkontis la familian kuraciston. Lia mieno, mi pensis, elmontris kunmiksitan aspekton de malnobla ruzado kaj perplekseco. Li salutis min timege kaj preterpasis. Ĵetgeste nun la servanto malfermis pordon kaj min kondukis antaŭ sian mastron.

La chambre dans laquelle je me trouvai était très-grande et très-haute; les fenêtres, longues, étroites, et à une telle distance du noir plancher de chêne, qu'il était absolument impossible d'y atteindre. De faibles rayons d'une lumière cramoisie se frayaient un chemin à travers les carreaux treillissés, et rendaient suffisamment distincts les principaux objets environnants; l'œil néanmoins s'efforçait en vain d'atteindre les angles lointains de la chambre ou les enfoncements du plafond arrondi en voûte et sculpté. De sombres draperies tapissaient les murs. L'ameublement général était extravagant, incommode, antique et délabré. Une masse de livres et d'instruments de musique gisait éparpillée çà et là, mais ne suffisait pas à donner une vitalité quelconque au tableau. Je sentais que je respirais une atmosphère de chagrin. Un air de mélancolie âpre, profonde, incurable, planait sur tout et pénétrait tout.

Edgar Allan Poe
Traduit par Charles Baudelaire

La ĉambro en kiu mi min trovis estis ege granda kaj alta. La fenestroj estis longaj, mallarĝaj kaj pintigitaj kaj situis tiom for disde la nigra kverka planko ke nepre maleblis ilin atingi de interne. Malfortaj briletoj de ruĝigita lumo malfermis vojon tra la pergoligitaj vitroj kaj helpis sufiĉe distingigi la plej elstarantajn objektojn de la ĉirkaŭejo; la rigardo penadis sensukcese tamen atingi la plej malproksimajn angulojn de la ĉambro kaj la kaŝanguletojn de la volbigita kaj fretigita plafono. Malhelaj drapaĵoj surpendis la murojn. La ĝenerala meblaro estis abunda, senkomforta, antikva kaj ĉifona. Multaj libroj kaj muzikiloj ĉirkaŭkuŝis en sporada aranĝo, sed sen vigligi la scenon. Mi sentis min kvazaŭ enspiri etoson de malĝojo. Aspekto de severa, profunda kaj nereaĉetebla melankolio surpendis kaj trapenetris ĉion.

Edgar Allan Poe
Tradukis Edwin Grobe
Autres parties : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9

Portfolio

Rechercher sur le site

La pensée du jour

"Le projet est le brouillon de l'avenir. Parfois, il faut à l'avenir des centaines de brouillons."

Jules Renard

Participer à cette rubrique

Recevoir notre newsletter